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La lutte contre le racisme en 6 dates clés, de la prise de conscience à l’acte fort

Le problème du racisme entache depuis plusieurs années le monde du football . Le racisme dans les stades de football se manifeste de différentes manières : agressions, chants, cris, insultes, pancartes diffamatoires et les traditionnels cris de singe et lancers de banane qui visent les joueurs noirs ou métis. Les joueurs ne sont pas seulement ciblés en raison de leur couleur de peau, mais aussi du fait de leur religion, et de leur nationalité.

1989 : Joseph Antoine Bell et la prise de conscience

En 1989, le gardien de but camerounais Joseph Antoine Bell revient au Stade Vélodrome. Gardien emblématique de l’OM de 1985 à 1988, le portier fait son retour sous le maillot des Girondins de Bordeaux, à une époque où la rivalité entre Marseillais et Bordelais est à son paroxysme. Dans les tribunes, un bien triste comité d’accueil est réservé à Bell, qui reçoit – entre autres – des bananes lancées par plusieurs supporters marseillais. Par cet incident, la France du football comprend alors qu’elle n’est pas épargnée par le racisme qui s’accentue en cette fin des années 1980. Les autorités commencent alors à se pencher, timidement, sur la question.  “Je pense que les gens auraient pu se comporter autrement et que ça n’aurait pas changé le résultat du match. On n’a pas besoin de toutes ces bassesses et de toute cette bêtise”, commente le joueur après la rencontre.

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Joseph Antoine Bell

2008 : Abdeslam Ouaddou victime… et sanctionné

16 février 2008, Valenciennes se déplace à Metz. Dans les rangs valenciennois figure Abdeslam Ouaddou, défenseur marocain formé chez le rival des messins : l’AS Nancy Lorraine. Pendant toute la rencontre, le défenseur est pris pour cible par un supporter du FC Metz qui use d’insultes racistes à son encontre : “sale négro”, “sale arabe”, “espèce de singe”. Ouaddou interpelle l’arbitre à ce sujet, puis va s’expliquer avec le supporter à la mi-temps. Au retour des vestiaires, il se voit sanctionné d’un carton jaune. Après coup, le supporter en question est finalement condamné à trois mois de prison avec sursis, trois ans et demi d’interdiction de stade, 1500€ de dommages et intérêts. Le FC Metz se voit aussi infligé un match à huis clos et perd un point au classement. Doucement, les lignes bougent, enfin.

 (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)
Abdeslam Ouaddou (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

2013 : Mario Balotelli “si ça arrive encore une fois, je quitte le terrain”

Premier joueur noir de la sélection italienne en 2010, Mario Balotelli n’a même pas eu le temps de se révéler à la Serie A avec l’Inter qu’il a été victime d’injures racistes. La même année où il obtient la reconnaissance de la Squadra Azzurra, il est ciblé par les tifosi de la Juventus lors d’un déplacement à Turin. Ces derniers chantent par exemple qu’il “n’y a pas d’Italiens noirs. Après des condamnations minimes du monde du football, tout le monde oublie l’incident et passe à autre chose.

Chants et cris racistes: un match à huis clos pour la Juventus | La Presse
Mario Balotelli – LaPresse.ca

Mais trois ans plus tard, sous les couleurs de l’AC Milan après trois saisons en Angleterre, Balotelli est à nouveau ciblé, cette fois par des supporters de la Roma. A l’époque, l’arbitre a décidé d’interrompre momentanément la rencontre, chargeant le speaker de faire une annonce pour calmer les fautifs. Le jeu avait repris et Balotelli n’avait pas digéré. “Je me suis toujours dit que si ça arrivait au stade, je ferai comme si personne n’avait rien dit, comme si je m’en foutais. Mais cette fois-ci, j’ai un peu changé d’avis. Si ça arrive encore une fois, alors je quitterai le terrain parce que c’est stupide”, avait-il déclaré à CNN.

2018 : Koulibaly, une goutte d’eau dans un océan de dérives

Les années se suivent et se ressemblent en Italie. Aucune saison n’est épargnée par les actes racistes en tribunes. Et le plus souvent, le même schéma se répète : des chants racistes contre un joueur noir sur la pelouse, qui réagit face à l’arbitre et récolte un carton, voire une expulsion. Sulley Ali Muntari en a fait les frais en mai 2017. En décembre 2018, c’est le cas de Kalidou Koulibaly qui marque tristement l’actualité.

Victime de cris de singe lors d’un match contre l’Inter Milan à Giuseppe Meazza, l’international sénégalais est expulsé par l’arbitre pour l’avoir applaudi ironiquement à cause de son inaction face aux événements. Les réactions abondent sur les réseaux sociaux, les campagnes anti-racistes (maladroites) se multiplient en Italie, mais rien n’y fait. Mario Balotelli face au Hellas Vérone ou encore Moise Kean et Blaise Matuidi contre Cagliari, seront encore victimes de cris de singe en 2019…

Février 2020 : Moussa Marega quitte la pelouse

Les chants racistes ne sont pas une spécialité exclusivement italienne. En déplacement chez Guimaraes avec le FC Porto en février dernier, Moussa Marega est la cible de cris de singe. Excédé et dégoûté, le buteur du soir décide alors de ne plus se donner en spectacle et regagne les vestiaires, sous la bronca du stade. Il ne reviendra pas sur sa décision, même si ses coéquipiers tentent de l’en dissuader. 

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Moussa Marega – DW

Cet acte fort aurait été sûrement bien plus marquant si l’ensemble des acteurs avaient décidé d’aller dans son sens. Il aura fallu attendre jusqu’à ce 8 décembre 2020 pour voir cela se produire, dans des circonstances certes différentes mais avec une symbolique très forte. Paris et Istanbul Basaksehir ont décidé d’un commun accord d’arrêter une rencontre de Ligue des champions. Un acte fort et peut-être fondateur dans la lutte contre le racisme dans le football.

Juillet 2020 : Le racisme 2.0

En outre, dans le cas du football, les symptômes de ce variant du racisme, qui s’épanouit sur les réseaux sociaux, ne datent pas d’hier soir, et inquiètent depuis de nombreux mois le petit monde du ballon rond outre-Manche.

Auteur d’un très bel Euro, le jeune Bukayo Saka a été scandaleusement pris à partie par une frange raciste des supporters anglais.

Dès le coup de sifflet, les Three Lions n’ont même pas eu le temps de pleurer sur leur sort funeste, comme il se doit pour une telle tragédie, que déjà des tombereaux de haine s’abattaient sur certains joueurs. Et pas n’importe lesquels : Marcus Rashford, Jadon Sancho et Bukayo Saka. Pas besoin de chercher dans le coaching de Southgate la véritable raison de ce lynchage en ligne. Car dans une Angleterre au bord de la crise de nerfs nationaliste, les vieux démons racistes savent surfer sur le web.

Malheureusement le racisme touche beaucoup de monde, que ce soit dans la vie de tous les jours, du sport, jusqu’aux réseaux sociaux. Le racisme doit être sévèrement puni afin de faire passer un message, il faut que ça bouge !

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