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Le racisme dans le football –le football contre le racisme L’expérience de fare

Article qui date de la saison 2007/2008.

Les militants contre le racisme ont été occupés au cours des derniers mois. Le racisme, la xénophobie et les activités d’extrême droite dans et hors des stades de football ont suscité de vives inquiétudes. Même si la saison de football 2007-2008 a à peine commencé en Europe, nous avons déjà connu une escalade d’incidents sérieux.

En Italie, durant le match à Rome, les supporters de Lazio Rome ont scandé des slogans racistes à l’encontre des joueurs roumains du Dinamo Bucarest. Ils ont également proféré des injures racistes à l’encontre de la star internationale sénégalaise Dame N’Doye pendant une rencontre amicale avec Panathinaikos. À Middlesbrough, les supporters de Newscastle United ont insulté l’avant et la superstar égyptienne Mido, entonnant des chants islamophobes, traitant le joueur de terroriste et scandant « Attention, Mido a une bombe ». En Hongrie, l’ancien entraíneur national Kalman Meszoly a tenu des propos racistes pendant une interview télévisée sur les joueurs africains faisant partie des clubs hongrois en disant qu’« ils étaient à peine descendus de leur arbre ». Quand la Croatie a rencontré la Bosnie-Herzégovine à Sarajevo, les supporters croates ont formé un U humain symbolisant le mouvement fasciste Ustase responsable du massacre de Serbes, de juifs et de Roms durant la Deuxième guerre mondiale. D’autres incidents ont été signalés en Allemagne, en Autriche, en Écosse, dans la Fédération russe, en Lituanie, au Monténégro, en Serbie et en Slovaquie.

Mido : docteur Jekyll et Mister Hyde
Mido – Crédit photo: God Save the Foot


On peut se demander si ce type d’incidents est plus fréquemment rapporté en raison d’une plus grande conscience du problème par les médias, les supporters et les organes directeurs des clubs de football ou en raison du soutien grandissant pour l’extrême droite. Les propos alarmistes tenus par les hommes politiques sur l’immigration exacerbent les problèmes. Il est indiscutable qu’au cours de la dernière décennie, la prise de conscience des problèmes liés au racisme et à l’exclusion des minorités ethniques s’est accrue. Aujourd’hui, de nombreux pays européens soutiennent les campagnes contre le racisme dans le football. De nombreux clubs professionnels de football, associations nationales et de fédérations nationales, comme l’Union des Associations européennes de football (UEFA) et la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), ont dénoncé le racisme et pris des mesures disciplinaires contre les personnes responsables.


En février 1999, lorsque des groupes de supporters, des organisations non gouvernementales (ONG) contre le racisme et des organisations de communautés ethniques de 14 pays européens se sont réunies à Vienne pour créer le réseau FARE (Football contre le racisme en Europe), la situation était différente. Non seulement toutes les semaines, les supporters étaient confrontés à des comportements racistes dans les stades, mais ce problème était aussi largement ignoré par les associations de football et les institutions publiques. C’est dans ce contexte que le réseau FARE a été créé afin de mettre à jour ce problème. En soutenant les groupes locaux et incluant les voix des supporters de football, FARE agit aujourd’hui comme une large organisation pour ceux qui aspirent à lutter contre le racisme et la discrimination en Europe. Le réseau collabore avec les clubs, les associations nationales, les syndicats de joueurs et les institutions publiques afin de combattre le racisme et les formes de discrimination qui y sont associées, telles que l’homophobie et le sexisme. Actuellement, plus de 300 organisations dans plus de 37 pays européens font partie du réseau FARE. L’Institut viennois pour le développement et la coopération (VIDC) fait fonction de bureau de coordination pour le réseau.

Établi avec l’aide de la Commission européenne en 2001, FARE est devenu partenaire de la division de l’UEFA sur la responsabilité sociale des entreprises qui apporte son soutien financier aux projets et aux campagnes locaux du réseau. Grâce à ce partenariat, l’UEFA, l’organe directeur du football en Europe, a pris une position plus engagée contre le racisme. En 2002, elle a soutenu le plan d’action en dix points de FARE et s’est également donné comme projet de soutenir la lutte contre le racisme avec ses 53 associations affiliées nationales.


La Semaine d’action contre le racisme et la discrimination, une campagne contre le racisme qui a lieu chaque année en octobre, a connu un grand succès. Elle vise à sensibiliser le public sur le racisme et la discrimination raciale et à créer un front uni pour remédier à ce problème pernicieux qui entache ce sport le plus populaire en Europe. FARE offre un soutien financier à un éventail d’activités de base afin de confronter les problèmes locaux dans les clubs de football. La Semaine d’action de la dernière saison a enregistré un nombre record d’initiatives, avec plus de 700 événements organisés dans 37 pays sur et hors des terrains de football dans toute l’Europe. En Allemagne, 750 000 cartes portant le slogan « Donne le carton rouge au racisme » ont été distribués aux supporters. Les stars européennes ont également soutenu la campagne. Les 32 équipes de la Ligue des champions de l’UEFA ont participé à la campagne « Unis contre le racisme », touchant plus de 600 000 supporters dans les stades, ainsi que des millions de téléspectateurs.


D’autres projets transnationaux organisés par FARE comprennent le Mondiali Antirazzisti, une Coupe du monde antiraciste organisée tous les ans pour les supporters et les minorités en Italie – et un programme en Europe de l’Est pour contrer la présence des néo-nazis en Pologne, confronter le nationalisme raciste et la xénophobie dans les Balkans et attaquer l’exclusion des Roms en Slovaquie par le biais du football.


Même si les problèmes associés au racisme semblent être un phénomène européen, ils ne sont pas pour autant limités au sport européen. Les médias sportifs ont signalé des incidents racistes dans des pays comme l’Australie, le Brésil, Israël et le Mexique. La FIFA, l’organe directeur mondial du football, avait déjà pris conscience de ce problème, mais les événements récents, en particulier en Europe, ont mis en évidence la nécessité d’une action concertée. Reconnaissant son rôle unique à coordonner l’expertise dans tous les coins de la planète, la FIFA a établi en 2006 une alliance avec le réseau FARE. Depuis, FARE et la FIFA ont coopéré lors de la Coupe du Monde de 2006 en Allemagne, réalisé un sondage auprès des 207 associations affiliées à la FIFA et lancé un appel pour mener des projets en dehors de l’Europe. Actuellement, un atelier international de lutte contre la discrimination est en cours de développement. En 2006, la FIFA a mis en place de nouvelles mesures disciplinaires sévères pour contrer les actes racistes. La FIFA a demandé à toutes ses organisations affiliées d’appliquer ces nouvelles mesures, et a adopté un nouveau code disciplinaire (article 58) relatif au racisme à tous les niveaux qui concerne les 300 000 clubs de football et les 38 millions de joueurs inscrits.


FARE vise non seulement à combattre toutes les formes de comportements racistes dans les stades, mais s’attaque aussi au racisme caché ou institutionnalisé : l’exclusion des minorités ethniques et des migrants à tous les niveaux du football. Dans toute l’Europe, les minorités ethniques sont sous-représentées dans les stades, les instances administratives du football et parfois dans les ligues professionnelles. Un exemple de discrimination ouverte pratiquée par des organes directeurs de football est la limitation du nombre de migrants dans le football amateur, ce qui est courant en Italie et en Espagne. En football amateur autrichien, le nombre d’étrangers, y compris les citoyens de l’Union européenne, est limité à trois par équipe. Durant la dernière conférence à la Fédération française de football à Paris, FARE a discuté d’une forme de racisme plus présente, ancrée dans les relations déséquilibrées entre l’Europe et l’Afrique, héritage du passé colonial de la France. Repérés par des agents, les talents africains sont « exportés » par des agents sans scrupules et finissent le plus souvent comme immigrants illégaux.

F.A.R.E: Football Against Racism in Europe


FARE estime que le football a dans toutes les communautés une portée universelle dont on ne peut sous-estimer l’impact. Il est important de travailler avec les victimes du racisme et celles qui sont affectées par l’exclusion sociale afin d’aider leur intégration et de confronter les problèmes de cohésion sociale. Les minorités ethniques sont sous-représentées dans le football, sauf parmi les joueurs. Nous devons chercher à promouvoir l’intégration des minorités à tous les niveaux – équipes, stades, administration, entraînement.

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Depuis la mort de George Floyd, certains joueurs, se mettent à genoux avec le poing levé souvent avant le coup d’envoi, pour dénoncer le racisme dans la vie de tous les jours. – Crédit photo: Eurosport


Considérant le succès du mouvement antiraciste dans le football, on peut dire que les initiatives comme FARE ont permis de mettre à jour le racisme dans le monde du football européen. Grâce à la prise de conscience de la majorité dite silencieuse et des médias, ce problème a fait l’objet d’une plus grande couverture médiatique et des mesures disciplinaires ont été prises. Un succès important de FARE est d’avoir lié les clubs des supporters avec les organisations ethniques. En outre, les organes directeurs de football ont pris position contre le racisme. FARE a également inscrit l’homophobie à l’agenda du football européen. La campagne concertée du réseau FARE a porté ses fruits.
Toutefois, les problèmes persistent. Les actes racistes et l’exclusion des minorités ethniques et des migrants, ainsi que la discrimination continuent d’exister sur et hors du terrain. Les activités futures de FARE avec l’UEFA, la FIFA et les institutions de l’Union européenne mettront non seulement l’accent sur les efforts communs pour éradiquer les comportements motivés par des raisons raciales dans les stades, mais encourageront aussi les clubs et les associations à introduire des politiques et des mesures qui promeuvent la diversité afin d’assurer une représentation égale des migrants et des minorités ethniques à tous les niveaux du football – pas seulement sur le terrain. Elles doivent se donner comme objectif d’offrir la même diversité dans les comités directeurs des clubs et des associations de football que sur le terrain de jeu.

Crédit: Kurt Wachter

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