
Santiago du Chili, 1973 / Hambourg, 2017 : Quand les stades de football s’inscrivent dans l’histoire politique
Quoi de commun entre la dictature de Pinochet au Chili dans les années 70 et la ville de Hambourg pendant le G20 de 2017 ? Pas grand-chose a priori sinon un fait décisif : ces deux moments précis ont vu une enceinte dédiée au sport populaire par excellence servir de théâtre à des manifestations éclatantes du climat politique d’une époque.
Le Chili sous l’emprise de la dictature
En effet, on se souviendra avec émotion et effroi de l’utilisation faite par le régime du dictateur inspiré par les Chicago Boys de l’Estadio Nacional à Santiago du Chili : persécutions, enfermements, tortures et assassinats sont perpétrés dès le 12 septembre dans ce qui représente un des symboles du pays, sa passion pour le football. Ainsi, ce seront près de 40.000 personnes qui passeront dans ce camp de concentration à ciel ouvert entre le 11 septembre et le 7 novembre 1973.

À l’opposé de ces faits atroces, on retrouve le FC St. Pauli de Hambourg. La ville du Nord de l’Allemagne est organisatrice en 2017 du sommet du G20 qui concentre des milliers d’opposants aux politiques prédatrices des gouvernements qui vont défiler sur les bords de l’Elbe. Parmi ces manifestants, certains décident de camper dans deux parcs qui seront fermés très vite par les forces de répression de la ville, laissant les militants livrés à eux-mêmes dans la rue.
C’est alors que le directoire du club, inspiré par ses fans toujours très actifs, décide d’ouvrir le stade à 200 d’entre eux pour leur permettre de poser leurs tentes dans les tribunes du stade Millerntor, leur mettant à disposition des salles de bains et une cuisine de fortune.


Football et politique peuvent très bien cohabiter
Que retenir de ces deux instantanés d’histoire ? Tout d’abord, et n’en déplaise à tous les bien-pensants qui se plaisent à débiter à l’envie que « football et politique ne sont pas liés », eh bien, si, football et politique sont intimement liés. Les tribunes des stades sont des espaces de socialisation infiniment politiques. Et il faut les politiser pour des valeurs qui valent la peine car, sinon, ce sont les horreurs du passé qui y resurgiront dans le vide créé par l’abandon des principes positifs qui fondent les sociétés et le sport : partage, inclusion, absence de discriminations et respect de l’Autre.
Ensuite, que les stades de football peuvent être les symboles des contextes dans lesquels ils sont inscrits : de l’Estadio Nacional, on retiendra l’horreur d’un régime néo-libéral militaire et son cortège d’abjections, du côté de Sankt Pauli, la solidarité et l’engagement en faveur du droit à manifester, à se positionner en tant qu’acteurs de la vie politique et économique de la part des citoyens.
Enfin, que les mouvements antifascistes, antisexistes, pro-LGBTQI+ doivent s’impliquer dans la vie de leurs clubs de manière à créer un rapport de force positif avec les dirigeants des clubs de football de manière à montrer que leurs adversaires racistes, xénophobes, sexistes n’ont pas leur place dans les gradins. Ceux-ci doivent être des lieux d’expression de ce qu’une communauté sportive a de plus noble et de plus respectueux de l’altérité.
Santiago ou Hambourg, le choix est assez facile, que tous les stades soient des Millerntor et laissent s’estomper dans le passé les tristes images de l’Estadio Nacional souillé par le régime de terreur d’un dictateur maudit !
Forza St. Pauli
Xavier

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